Des clowns en gériatrie aiguë !

Des clowns en gériatrie aiguë !

Des clowns en unité de gériatrie aiguë (UGA) pour la 1ère fois au sein de l’hôpital Louis-Mourier AP-HP  !

Depuis le mois de décembre, l’association de clowns Les Artistes Aux Petits Soins intervient au sein de l’unité de gériatrie aiguë (UGA). A cette occasion, nous avons interviewé le Dr Didier Haguenauer, le chef de service, afin de comprendre l’importance de la présence des clowns au sein d’un service de gériatrie !

« Ce sont des clowns hospitaliers qui sont davantage orientés dans le soin et dans l’accompagnement des patients. Ils ne sont pas là pour faire un spectacle devant un public. Les clowns travaillent en collaboration avec l’équipe soignante afin d’apporter de la distraction ou même détourner l’attention des patients lors de certains soins douloureux. Grâce à leur humour, les clowns permettent aux patients de communiquer autrement : à travers le toucher, le regard, le sourire, etc. C’est un moyen de les divertir et de les sortir du contexte de l’hospitalisation et de leur pathologie.

Lors des fêtes de Noël, 3 clowns étaient venus avec un orgue de barbarie. Il y avait de la musique, c’était très joyeux ! Les clowns interviennent systématiquement en duo : ils jouent sur l’improvisation et prennent en compte à la fois le patient et sa famille si celle-ci est dans la chambre. La venue des clowns est très appréciée aussi par l’équipe. Ils sont bénéfiques pour l’ensemble du service et nous apportent un moment de loisirs et de divertissement.

Lorsque nous avons présenté ce projet aux professionnels, ils ont tout de suite adhéré, ce qui est très important car il y a vraiment une intégration des clowns dans l’équipe. Lorsqu’ils arrivent en fin de matinée, nous leur faisons des transmissions sur les pathologies des patients, sur la manière de les aborder, sur leur état de fatigue, de conscience, s’ils sont en fin de vie ou non etc. Chaque venue est adaptée à l’état de santé du patient. Après les transmissions, les clowns font leur parade dans le service en faisant du bruit et en étant accompagnés de musique. Puis, ils rentrent dans chacune des chambres et font preuve d’improvisation avec le patient et sa famille, si elle est là.

A la fin de l’intervention, nous organisons un débriefing entre les clowns et l’équipe soignante sur le déroulé de l’intervention. Après leur premier passage dans le service, nous avons eu des retours sur le vif. Je pense particulièrement à la famille d’une patiente qui était en fin de vie. On s’est demandé si c’était une bonne idée de faire rentrer les clowns dans la chambre, vu le contexte. Au départ, les enfants de la patiente étaient un petit peu réticents. Finalement, malgré le contexte de fin de vie, cela a été très positif. Les enfants nous ont dit qu’ils étaient très contents que leur maman ait pu vivre ce moment de douceur et qu’ils ont eux-mêmes beaucoup apprécié. Nous avons également une patiente qui était présente lors de la première intervention et qui attendait les clowns devant sa porte de chambre lorsqu’ils sont revenus. Elle avait hâte !

Pour les patients qui présentent des troubles cognitifs, la venue des clowns est aussi pertinente : ils vivent dans l’instant présent, et si on peut leur donner une bulle de bonheur, de détente, un petit souvenir sympathique, une chanson qu’ils connaissent de leur jeunesse, c’est tout gagné. Même s’ils oublient ce moment 10 minutes après, cela leur apporte du bonheur et de la détente à l’instant T.

Le retour des équipes et des familles ainsi que le ressenti des clowns sont tout à fait positifs ! Ce projet a vu le jour grâce à un appel à projets de la fondation AP-HP . J’ai candidaté pour un éventuel financement de clowns en gériatrie. Puis, grâce à mon réseau, j’ai eu le contact de l’association « Les artistes aux petits soins » dont les interventions sont adaptées au secteur de la gériatrie. Ce projet a été retenu et les 8 interventions ont été financées intégralement par la fondation AP-HP.

Actuellement, nous recherchons d’autres moyens de financement afin que cette prestation puisse perdurer dans le temps. On a candidaté sur d’autres appels d’offres comme celui du MAEH.

Il s’agit de la première fois que des clowns interviennent au sein du service de gériatrie de l’hôpital Louis-Mourier. Les clowns de l’association n’ont pas l’habitude de passer en UGA. Ils font généralement des spectacles en EHPAD mais ce n’est pas pareil car les services de gériatrie sont davantage axés sur l’encadrement du soin. Certains soins peuvent se faire en présence des clowns afin de diminuer les doses de médicaments donnés pendant un pansement d’escarres ou pendant un prélèvement difficile chez un patient agité. Au final, on fait avec les personnes âgées ce que l’on fait avec les enfants : si les clowns vont en pédiatrie alors ils peuvent aussi intervenir en gériatrie.

Je tiens à les remercier pour chacune de leur venue qui apporte une belle bulle de détente aux patients, aux familles et aux soignants »

Un grand merci aux clowns de l’association « Les artistes aux petits soins » !